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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

nous en verrons tout d’abord sortir une vapeur aqueuse qui ne peut s’enflammer, mais qui se condense en eau et qui représente le mercure ; ensuite une vapeur inflammable, qui peut se changer en huile et qui représente le soufre ; enfin des cendres, l’on peut extraire un sel facilement reconnaissable ; dans l’œuf le blanc représente le mercure, le jaune le soufre et la coque le sel ; il en est ainsi de la plupart des mixtes animaux, végétaux ou minéraux et Béguin pourrait multiplier les exemples.

Une des grandes difficultés que rencontre l’analyse chimique est que le sel, le soufre et le mercure, que l’opérateur obtient en résolvant un mixte en ses principes, ne sont jamais purs, et contiennent toujours quelque trace des autres principes dont nous voudrions les séparer. Notre science est impuissante à faire l’extraction complète ; par suite notre théorie n’est pas absolument assurée. Enfin les savants rencontrent souvent des corps comme le phlegme, liqueur insipide, ou la tête morte, terre inerte, dans les mixtes qu’ils analysent ; Béguin les avertit qu’ils ne les doivent pas prendre pour des véritables principes ; la tête morte et le phlegme n’étant doués d’aucune propriété active.

Le terrain théorique une fois déblayé, Béguin nous parle longuement des opérations chimiques et des instruments qu’elles nécessitent ; ne nous attardons pas à l’écouter sur ce point ; le laboratoire chimique semble avoir vraiment peu varié dans le cours du xviie siècle et nous aurons occasion de le décrire