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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

« Le soufre est ce baume doux, oléagineux et visqueux, qui conserve la chaleur naturelle des parties, et qui est l’instrument de toute végétation, accroissement et transmutation, l’origine et la source de toutes odeurs tant bonnes que mauvaises. On le compare au feu à cause qu’il s’enflamme aisément comme tout corps huileux et résineux. Il a, de propre, la vertu d’adoucir et de conjoindre les extrémités contraires. Car tout ainsi qu’on ne peut faire de bon lut avec de l’eau et du sable si on ne mêle de la chaux ou quelque autre matière glutineuse : de même le mercure volatil et le sel fixe ne se peuvent joindre et lier en une même substance que par le moyen du soufre, lequel participe de l’un et de l’autre, et tempère par sa viscosité la sécheresse du sel et la liquidité du mercure par sa fluidité molle la densité du sel et la perméabilité du mercure, et par sa douceur l’amertume du sel et l’acidité du mercure.

Le sel est ce corps sec et salé qui empêche la corruption du mixte, qui a des admirables facultés de dissoudre, coaguler, nettoyer et évacuer, duquel dépend la solidité en toute chose, la détermination, la saveur et une infinité d’autres vertus. Il a quelque analogie avec la terre, non pas en ce qu’elle est sèche et froide, mais en ce que cet élément est ferme et fixe, et le sujet de la génération ordinaire des corps. »

Tout corps mixte peut par l’expérience se résoudre en ses trois principes ; si nous brûlons du bois vert