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triomphe et éparpillement des philosophies

Hartsoeker ne recule pas devant un système qui parait irrationnel à son contradicteur et il lui répond ce qui suit : « Je soutiens que l’atome D aurait beau donner contre la partie C de l’atome A sans pouvoir la détachec de la partie B, eut-il cent mille millions de fois plus de vitesse qu’un boulet de canon, parce qu’il se ferait quelque chose contre la volonté de Dieu qui a voulu que les corps qu’on appelle atomes fussent d’une dureté parfaite et invincible… Aussi, Je soutiens avec raison qu’un atome est une masse solide et un petit tout sans parties, c’est-à-dire sans parties qui puissent être détachées l’une de l’autre. Si le corps A n’était pas un atome, mais composé de deux atomes B et C, l’atome C pourrait, sans difficulté, être détaché de l’atome B s’ils n’étaient liés ensemble par la pesanteur de l’atmosphère de la terre ou autrement[1]. »

Évidemment, une telle argumentation ne prouve rien, et ne sert, comme le dit Leibniz, qu’à mettre en évidence une hypothèse qui ne s’impose pas ! Aussi, pour clore l’inutile discussion, il écrit à Hartsoeker : « Vous recourez à la volonté de Dieu pour rendre raison pourquoi D ne saurait emporter C sans entraîner B ; mais puisque vous n’y rencontrez rien qui puisse servir à expliquer comment cette volonté s’exécute, vous quittez le naturel et vous courez au miracle[2]. »

  1. M. T., p. 517.
  2. M. T., p. 678.