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les doctrines chimiques en france

B. — De l’ample et romanesque système de Hartsoeker qui prétend avoir découvert la vérité sur la constitution du monde, sur l’infiniment grand des astres et sur l’infiniment petit des atomes, comme sur l’origine et la structure des substances minérales ou des êtres vivants, nous ne retiendrons que ce qui est susceptible d’intéresser le chimiste. Son opinion sur la nature de la matière en général d’abord, puis quelques-unes des hypothèses aspirant à expliquer les réactions observées entre diverses substances.

Après avoir été un fervent adepte des « principes » de Descartes, Hartsoeker a cru qu’il fallait quelque peu modifier la doctrine du Grand Philosophe ; qu’en particulier l’on ne pouvait admettre que l’essence de toute matière consiste uniquement dans l’étendue, et qu’à cette qualité il en fallait ajouter d’autres[1] ; que toute la matière, ne pouvait être d’une homogénéité parfaite, et que pour rendre raison des phénomènes que nous observons, il fallait y supposer deux éléments irréductibles[2]. « L’un est une substance parfaitement fluide, infinie, toujours en mouvement, dont aucune partie n’est jamais entièrement détachée de son tout ; l’autre, ce sont de petits corps différents en grandeur et en figure, parfaitement durs et inaltérables, qui nagent confusément dans ce grand fluide, s’y rencontrent, s’y assem-

  1. Conjectures de physique, art. 15, p. 10.
  2. Fontenelle. Éloge de Hartsoeker