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les doctrines chimiques en france

perdues, ce mouvement accompagné de fermentation avait causé cette grande chaleur et ce fracas. »

C’est que l’atomisme, tel qu’il était compris à la fin du xviie siècle, ne semblait pas une hypothèse, mais une incontestable réalité ; la traduction corpusculaire de l’expérience, au lieu d’être présentée comme une conjecture plus ou moins plausible, était donnée pour un récit véridique ; et l’objet de la théorie chimique consistait justement à deviner la forme des particules invisibles pour rendre compte visuellement des phénomènes dont nos yeux n’aperçoivent que l’ensemble.

Cependant les chimistes, une fois en possession de la doctrine corpusculaire, ne se soucièrent aucunement de préciser ses fondements et laissèrent dans le vague les solutions des problèmes importants qu’ils ne songèrent pas même à poser ! Ceux-ci, par exemple, qui intéressent avant tout les philosophes… Quelle est la taille des particules. Sont-elles petites, ou infiniment petites ? Quel est le degré de leur dureté ? Sont-elles molles, déformables par pression, résistantes, ou infiniment dures ? Leurs propriétés à cet égard varient-elles suivant les espèces considérées ? Sont-elles cassables ou insécables ? Occupent-elles tout l’espace ? Ou sont-elles séparées par le vide… Visiblement aucun chimiste ne suppose que, ces molécules puissent avoir des propriétés différentes des corps qu’elles ont pour mission d’expliquer, et ils les imaginent sur le modèle des objets usuels quoique plus petites que ces objets. Visible