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interrompent suffisamment le cours de la matière subtile. Or, puisque les acides ne se gèlent jamais, il faut que leurs parties ne puissent se toucher immédiatement, et qu’elles laissent des interstices que ne peuvent remplir exactement les corps qui sont la cause de la congélation… Les acides doivent donc avoir une figure ronde, qui est précisément celle qui fait que les corps et leurs parties se touchent le moins, ou bien ils ne doivent pas être de la même grosseur dans toute leur étendue. Le sentiment qui excite le sel acide ne peut convenir avec la figure sphérique et l’ovale ne lui convient pas davantage. Nous ne pouvons pas aussi : lui donner une figure oblongue et cylindrique (qui expliquetrait mal les phénomènes de fermentation). Ce sera donc la rhomboïde, qui, par rapport à ses pointes, peut s’accorder avec le sentiment d’aigreur qu’excite en nous le sel acide, et qui, par rapport à la figure plus grosse vers le milieu, fait qu’il y a entre ses sels des intervalles assez grands, pour empêcher qu’ils ne s’appliquent les uns aux autres et par conséquent qu’ils ne se gèlent[1]. »

Ainsi la constatation immédiate faite avec un organe des sens, aussi bien que les résultats plus laborieux de l’expérience, venaient dicter au chimiste des conclusions mécanistes ; et cela nous le découvririons chez tous ceux qui travaillaient au laboratoire :

  1. Réflexions sur la fermentation et la nature du feu fondées sur des expériences nouvelles, 1708, in-12, p. 31 et suiv.