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encore, puisque la chaleur elle-même pourrait bien ne pas être corporelle, mais provenir de l’agitation d’une matière subtile éthérée, le froid ne serait qu’une marque du ralentissement ou de l’arrêt de cette matière subtile[1]. Telles sont les solutions hétérogènes que la philosophie mécanique offrait alors en réponse au même problème… Et l’on voit que l’admission d’une d’entre elles, à l’exclusion de toute autre, est fonction de l’ensemble de la théorie chimique et peut modifier les conceptions que le savant se forme du monde matériel !

Sans avoir la même importance, les discussions concernant la forme des particules de chaque substance prennent une grande place dans les travaux des chimistes ; l’on sait, par exemple, que la théorie simpliste qui faisait de l’opposition, du combat entre les pointes des acides et les gaines des alcalis l’origine de toute réaction chimique, avait eu un succès aussi extraordinaire qu’éphémère[2] ! Que, grâce aux objections de Boyle, de Bertrand, de Homberg, et plus tard de Freind, de Rothe et d’Hoffmann, ce système, réduit à de plus modestes proportions, et chargé seulement d’expliquer les réactions entre les sels, a été conservé dans la science ; que dans ce cas les désaccords entre les savants se réduisaient à des désaccords concernant la figuration moléculaire de ces corps. Voici, par exemple, comment on avait l’habitude de les définir :

  1. ADS, 1666, et Dortous de Mairan, Dissertation sur la glace.
  2. Voir chap. iii.