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les doctrines chimiques en france

toute réaction chimique obtenue dans un laboratoire ! Ainsi, et indirectement, elle pénétra paisiblement la pensée du public cultivé sans que celui-ci prit garde à la révolution qui, par là même, se produisait dans la théorie. Ce public fut donc bien pré paré à accueillir favorablement cette même philosophie mécanique, quand Robert Boyle l’appliqua directement à l’interprétation de tous les phénomènes matériels ; grâce à elle, ce savant célèbre chassa, sans rencontrer de résistances, les anciennes doctrines entre lesquelles se partageaient l’adhésion de ses prédécesseurs. Il avait annoncé bruyamment, en entamant une polémique triomphante, que ces vieilles théories étaient périmées, qu’elles n’avaient aucune signification, qu’elles étaient par conséquent impuissantes à rendre raison des réactions chimiques, et que seule la philosophie corpusculaire possédait une vertu explicative. Joignant l’action à la parole il avait expérimenté et systématisé par sa méthode, qu’il croyait ta méthode empirique, les conclusions de son expérience.

L’œuvre de Lémery que nous avons longuement étudiée a subi l’influence concordante des médecins, pharmaciens et métaphysiciens de la matière ; elle marque la prise de possession de la science chimique par une philosophie mécanique, absolument sûre d’elle-même, qui ne rencontre ni obstacle ni ennemi, et qui d’ailleurs impose au savant son irrésistible évidence ; les contemporains et élèves de Lémery ne songèrent, pas plus que ce maître, à justifier une