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triomphe et éparpillement des philosophies
théorie résiste aux critiques. — C’est que le mécanisme n’est plus une philosophie à la mode. — D’ailleurs les nouvelles doctrines sans renier le mécanisme ajoutèrent à cette philosophie ce qu’il fallait pour la compléter et en faire une science de la Nature.


A. — Afin d’expliquer les expériences que les savants entreprenaient dans des directions quelconques et en poursuivant des buts hétérogènes, la théorie chimique, à l’époque que nous étudions, était guidée par une conception du monde matériel que le laboratoire n’avait nullement inspirée et qui s’opposait souvent à celles qu’avaient professé les maîtres réputés de cette science ![1] La philosophie mécanique, rappelons-le, parvint, après une courte période de lutte, à dominer la chimie et à modifier son aspect. Elle s’était assurée par deux voies la possession de ce domaine. Sous la forme cartésienne ou atomistique, elle fut tout d’abord adoptée par les médecins qui l’appliquèrent à la théorie du corps humain et de ses maladies ; puis elle passa aux pharmaciens qui interprétèrent en son langage le bienfaisant effet de leurs drogues ; par extension elle servit de base aux explications que les travailleurs donnèrent de

  1. Acqueville. Discours touchant les effets de la pierre divine, Paris, in-12, 1681. — André. Réflexions nouvelles sur les causes des maladies et de leurs symptômes, Paris 1687,in-12. — Bourdelot. Conversations. — Froment. Hypothèse raisonnée dans laquelle on fait voir que la cause interne de toutes les maladies vient des levains acides, âcres ou salés dans les premières voies, le tout expliqué par les principes de Descartes et confirmé de l’expérience des meilleurs praticiens, Paris, in-8, 1694.