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essai sur la chimie expérimentale

occupé tous les chimistes jusqu’à l’époque de Lavoisier.

À vrai dire, les expériences par lesquelles Geoffroy était parvenu à la reconstitution artificielle du soufre n’étaient pas absolument nouvelles ; Boyle et Glauber en avaient réussi d’analogues ; mais ces savants, loin de croire , qu’ils réalisaient là une synthèse, avaient cru, au contraire, ainsi que la théorie moderne l’admet, qu’ils extrayaient seulement le soufre d’un composé où il était dissimulé.

Si l’on nous demande maintenant pourquoi la théorie de Geoffroy eut un long et durable succès, alors que la manière de voir de Boyle passait provisoirement inaperçue, nous répondrons que, lors du prestige de la doctrine du phlogistique, le soufre, qui est corps combustible, était naturellement supposé un composé de ce « phlogistique » et d’ « acide sulfureux » ; bien mieux, l’expérience de Geoffroy servait en quelque sorte de preuve à la théorie de la combustibilité, que l’on pouvait croire définitivement admise.

Stahl, qui a systématiquement codifié les aspirations théoriques de son époque, crut aussi, par un procédé peut-être plus simple, avoir réalisé la synthèse du soufre à partir de ses éléments, et l’explication qu’il a donnée des réactions qui se produisaient lors de son expérience n’a, jusqu’à Lavoisier, suscité aucune objection.

« On peut, disent ses disciples, produire artificiellement du soufre ; pour cet effet, on n’a qu’à