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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

Après avoir courageusement défendu l’efficacité et la bienfaisance des remèdes spagyriques, Béguin aborde la théorie chimique. « Le principal point de tout art et de toute science est de connaître les principes[1]. » Quels sont donc, demandons-nous, les principes de la chimie ? La réponse de Béguin est certes ferme, mais il prend des précautions contre toute interprétation erronée de sa pensée ; il nous laisse entrevoir qu’entre les diverses écoles, l’accord n’était pas facile, et c’est seulement après avoir tenté d’apaiser les présumés adversaires qu’il s’exprimera pour son compte ; écoutons en le lisant un écho des disputes qui agitaient alors le monde savant : « Avant que de passer outre, dit-il, je désire que les physiciens et les médecins entendent que les chimistes ne font rien contre eux quand ils constituent d’autres principes que les leurs. Car puisque Aristote avec toute la philosophie enseigne que deux arts ou sciences peuvent bien avoir pour objet une même matière, ou un même objet matériel, mais non pas le considérer selon les mêmes principes propres et intrinsèques et sous une même formalité, et qu’eux avouent que la chimie est un art différent de la physique et de la médecine : il faut par conséquent qu’ils tiennent avec nous qu’elle doit avoir d’autres principes propres et intrinsèques, formellement constitutifs de son objet. Et pour faire voir par exemple

  1. P. 26.