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de son vaisseau et à se mettre dans sa consistance libre et naturelle[1]. »

Les conclusions de Chérubin sont fort semblables à celles de Jean Rey ; mais, comme son prédécesseur, ce chimiste ne parvient pas à vaincre la doctrine courante qui refusait toute action chimique à l’air, incapable de se combiner avec une autre substance, et, comme lui encore, il ne rencontra pas d’adversaire l’attaquant directement.

Est-ce à dire qu’aucune doctrine ne fut opposée par les savants à celle de Robert Boyle ? Tout d’abord, celle-ci eut à lutter, au sein de l’Académie des sciences même, contre la théorie de du Clos qui, au lieu d’attribuer à l’air l’augmentation de poids des chaux métalliques, prétendait que cette augmentation était due à l’addition de corps étrangers contenus dans l’air. Et c’est peut-être contre cet auteur, et non contre Chérubin, que Nicolas Lémery défendit l’existence des particules de lumière. Voici donc l’expérience et l’interprétation que lui donnait du Clos, telle qu’elle ressort des registres de l’Académie des sciences :

« Il serait naturel de croire qu’un corps ne peut devenir plus pesant, à moins qu’il ne s’y joigne quelque matière sensible. Mais M.  du Clos fit voir à l’Académie qu’une livre de régule d’antimoine si bien broyé qu’il était réduit en poussière impalpable, ayant été exposée au foyer du miroir ardent

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