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essai sur la chimie expérimentale

rentrât en assez grande quantité et pesât assez pour faire une augmentation si considérable : les pores de la matière n’en peuvent guère renfermer, puisqu’un ballon de verre, assez grand pour contenir quatre-vingts pintes d’eau, étant vide, épuisé d’air par la machine pneumatique et tari en cet état, puis rempli d’air autant qu’il en peut contenir, il se trouve qu’il n’y en a pu entrer que quatre onces en hiver et deux onces en été[1]. »

Contre qui la discussion de Lémery est-elle dirigée ? Certainement pas contre Jean Rey, qui était alors inconnu. Peut-être notre chimiste visait-il le père Chérubin d’Orléans qui, dans une remarquable dissertation « sur la cause de l’augmentation du poids de l’étain ou du plomb par la seule calcination », attaquait la doctrine de Robert Boyle, et, des expériences mêmes de ce chimiste, déduisait une théorie fort différente[2].

Robert Boyle, donc, calcinait de l’étain dans un ballon de verre fermé ; en pesant cet étain avant la calcination et après la calcination, il constata que le poids du métal avait considérablement augmenté ; de ce fait il conclut que la matière du feu traversait le vaisseau-de verre, pour venir se mêler intimement à la matière métallique[3].

  1. Éd. de 1730, p. 291.
  2. Première impression, 1679. (Nous n’avons pas découvert d’œuvre du père Chérubin ; nous citons d’après l’extrait de sa dissertation que Gobet a jointe à l’essai de Jean Rey.)
  3. Boyle, Œuvres, vol. 3 , p. 356. A Discovery of the perviousness of glass to ponderable parts of flame.