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été émise par quelque autre savant indépendamment de lui ? D’où provient son peu de retentissement ?

Pour répondre à cette question, nous devons nous souvenir que, pour un grand nombre de chimistes du xviie siècle, l’air, ainsi que nous l’avons établi, n’était aucunement doué de la faculté de se combiner avec les autres corps ; que tout son rôle dans les phénomènes matériels se réduisait à son action mécanique ; et que, par suite, la théorie que nous venons d’analyser, loin de se mélanger à un courant d’opinions qui formait alors autorité, s’y opposait en quelque sorte.

Entre la théorie de Boyle, qui faisait des corpus cules de lumière la substance même du feu s’additionnant au métal, et la théorie de Jean Rey, les chimistes choisirent la première ; la seconde put venir à l’esprit de quelque autre savant, mais ainsi que le fait remarquer Nicolas Lémery, elle ne résista pas à la critique… « Ce n’est pas encore, observe-t-il, une chose bien établie chez les physiciens que les corpuscules de feu ; peu d’entre eux les admettent, parce qu’ils ne les comprennent point ; ils croient que les augmentations de poids de l’antimoine et du plomb, qui se remarquent après leurs calcinations, viennent de l’air qui s’est introduit dans leurs pores quand on les a retirés du feu, parce que ces matières ayant été rendues spongieuses par le feu, elles hument l’air avec avidité comme la chaux vive fait de l’eau. Mais cette explication ne peut pas satisfaire, car il est impossible que de l’air