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les doctrines chimiques en france

ces, je les appuie d’une démonstration à laquelle les bons esprits comme je pense acquièceront. Soit prise une portion de terre, qui ait en soi la moindre pesanteur qui puisse être, et au delà de laquelle n’en puisse subsister ; que cette terre soit convertie en eau par les moyens connus et pratiqués par la nature : il est évident que cette eau aura de la pesanteur, puisque toute eau doit en avoir ; or sera-t-elle, ou plus grande que celle qui était en la terre ou plus petite, ou égale. D’être plus grande ils ne le diront pas (car ils professent du contraire) et je ne le veux pas aussi ; plus petite, elle ne peut, vu que j’ai pris la moindre qui puisse être ; il reste donc qu’elle lui soit égale, ce que je prétendais prouver. Ce qui est montré d’une parcelle se montrera de deux, de trois, d’un bien grand nombre : bref de tout élément qui n’est composé d’autre chose. Et se rapportera de même à la conversion de l’eau en l’air, de l’air au feu. Et au rebours de ces derniers aux autres. »

La « démonstration » que nous venons de lire n’a évidemment par elle-même aucune force, ce n’est pas un raisonnement ; elle tire sa valeur uniquement de cette affirmation intuitive du sens commun que la chimie de Lavoisier a posé comme première loi, mais que l’on n’a révoquée en doute avant lui, que pour expliquer certains faits extraordinaires. « La matière conserve sa masse à travers toutes les transformations qu’elle peut être amenée à subir… » Toutefois au xviie siècle la notion de