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essai sur la chimie expérimentale

d’antimoine, d’étain, de plomb ou de mercure. Voici, par exemple, comment Nicolas Lémery exposa à ses élèves la calcination du plomb : « Il arrive, dit-il, un effet dans la calcination de ce métal et celle de plusieurs autres matières lequel mérite bien qu’on y fasse quelque réflexion ; c’est que quoique par l’action du feu, il redissipe des parties sulfureuses ou volatiles du plomb qui le doivent faire diminuer en pesanteur, néanmoins après une longue calcination, on trouve qu’au lieu de peser moins qu’il ne faisait, il pèse davantage. Quelques-uns tâchent d’expliquer ce phénomène, disant tandis que la violence de la flamme ouvre et divise les parties de la chaux du plomb, l’acide du bois ou des autres matières qui brûlent, s’insinue dans les pores de cette chaux, où il est arrêté par l’alcali ; mais cette raison n’aura pas de lieu, quand on considérera que cette augmentation se fait aussi bien lorsqu’on calcine le plomb avec le charbon seul qu’avec le bois ; car le charbon ne contient qu’un sel fixe qui demeure dans les cendres et qui ne monte point.

Il vaut donc mieux rapporter cet effet à ce que les pores du plomb sont disposées en sorte que les corpuscules du feu, s’y étant insinués, ils demeurent liés et agglutinés dans les parties pliantes et embarrassantes du métal, sans en pouvoir sortir, et ils en augmentent le poids[1]. »

  1. Chimie, Ed. 1698, p. 144.