Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
378
les doctrines chimiques en france

de Robert Boyle eut un succès remarquable ; ce savant admit avec certains atomistes, tels que Gassendi, et contre la thèse de Descartes ou d’Aristote, que la lumière est un corps ; que les rayons du soleil sont matériels ; et enfin, que la flamme est une matière lumineuse qui, dans certain cas, a la propriété de pouvoir se combiner avec les autres corps[1].

Il croit d’ailleurs que l’expérience justifie cette proposition hardie puisque les chaux métalliques, celle du fer, de l’étain et du zinc, par exemple, sont plus pesantes que les métaux dont elles proviennent ; cette augmentation de poids est due à l’addition des particules de lumière à la substance métallique. La flamme, dans cette expérience, agit comme un dissolvant qui est capable de traverser le vase dans lequel on opère pour s’attaquer au soluble[2]. « Il n’y a, dit-il, aucune répugnance à ce que la flamme soit un menstrue[3], que dans notre expérience l’étain, exposé à son action, ait été transformé en poudre au lieu d’être dissous sous forme de liqueur, et ait ensuite conservé cet état. » Les particules de feu seraient, d’après cette hypothèse, interposées dans cette solution. Cette nouvelle manière de voir séduisit bien des chimistes ; Nicolas Lémery, Homberg et Louis Lémery expliquèrent d’après le système de Boyle la formation des chaux

  1. Œuvres, vol. 4, p. 340. New experiments to make fire and flamme stable and ponderable.
  2. Vol. 3, p. 350.
  3. Menstrue : dissolvant.