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essai sur la chimie expérimentale

l’éther des physiciens modernes, dont le seul rôle physique était de transmettre, d’une substance à l’autre, le mouvement, la chaleur et la lumière. Aussi, quand quelques chimistes recherchèrent si l’air n’était pas une cause nécessaire de la formation de flamme, ils attribuèrent son action à des particules étrangères qu’il contiendrait, non à lui-même.

Jean Mayow, cité à juste titre par la plupart des historiens comme un prédécesseur génial de Lavoisier, pose, à peu près comme Boyle, le problème soulevé par l’expérience. « On m’accordera, écrit-il, qu’il existe, quelque soit le corps, quelque chose d’aérien nécessaire à l’alimentation de la flamme. Car l’expérience démontre qu’une flamme, exactement emprisonnée sous une cloche, ne tarde pas à s’éteindre, non pas, comme on le croirait vulgairement, par l’action de la suie, mais par défaut d’un aliment aérien. Dans un vase de verre où l’on a fait le vide, on ne peut, à l’aide d’une lentille, faire brûler les substances même les plus combustibles, telles que le soufre et le charbon[1]… » Mais ne pensez pas que cet aliment aérien soit l’air lui-même ! Il s’agit seulement de particules spécialement actives qui font corps avec la masse de l’air, que la théorie courante suppose inerte ; ces particules sont appelées igno-aériennes pour bien exprimer leur caractère principal.

  1. 1674, cité par Duhme. La chimie est-elle une science française ? p. 15 et 16.
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