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essai sur la chimie expérimentale

dans le vide s’éteint. La flamme, comme il fallait s’y attendre, ne se propage pas dans le vide ; et, bien que l’on mette à son contact les substances les plus capables de brûler, néanmoins la réaction ne se produit pas… Enfin Boyle eut l’idée géniale, qui devait avoir par la suite tant de succès, de relier la théorie de la vie à la théorie de la combustion, en supposant que l’air qui entretient le feu et la respiration joue à peu près le même rôle ; il compara soigneusement la durée de la vie d’un animal et la durée de la flamme de l’esprit de vin, enfermés dans des vaisseaux bien clos… Mais quelque soit l’intérêt qui s’attache aux aperçus du grand savant, il faut convenir que ces expériences jouèrent dans son travail un rôle purement épisodique ; il les fit, les publia et pensa à d’autres sujets.

Le travail de Robert Boyle ne resta pas absolument isolé ; les savants se demandèrent bientôt quel rôle étrange l’air, qui est incombustible, qui par suite n’est aucunement un aliment du feu, joue dans la formation et la persistance de la flamme ? Personne ne songea à supposer qu’entre les corps combustibles et l’air il se produit ce que nous appellerions une réaction chimique ; notre doctrine actuelle parait si naturelle, elle semble si directement inspirée par l’expérience, que l’on a pu s’étonner qu’elle ait mis tant de siècles à se former et à pénétrer dans la science. Cependant un examen approfondi révélerait rapidement les causes de ce qui nous a d’abord paru une anomalie. Tout d’abord, à la fin du xviie siècle, le