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essai sur la chimie expérimentale

remuant de cette sorte, poussent et remuent avec soi les parties des corps qu’elles touchent et qui ne leur font pas trop de résistance. »

D’après cette manière de voir, la chaleur ne serait que le sentiment, qu’exciterait en notre corps la violence du mouvement. « Pour ce qui est de la lumière, on peut aussi bien concevoir que ce même mouvement, qui est dans la flamme, suffit pour nous la faire sentir. »

Mais, si toute modification matérielle et, par conséquent, toute combustion, est due à l’agitation d’une même substance, quel sera le rôle de la théorie chimique dans l’explication ou simplement dans la prévision d’une réaction ? Les savants, le principe une fois posé, n’allèrent pas, en présence des faits concrets, jusqu’aux extrêmes limites logiques de leur doctrine. Quelques-uns d’entre eux persistèrent à croire avec Paracelse qu’un principe spécifique, « le soufre », entre dans la constitution de tout corps inflammable et se dissipe lorsque ce corps brûle. D’autres signalèrent qu’il n’y a pas de feu sans air, et se demandèrent quel est le rôle de l’air dans les phénomènes de combustion. Voici comment Malebranche s’exprime : « Il faut remarquer que, bien que l’air ne t soit point nécessaire pour exciter quelque petite étincelle de feu, cependant faute d’air, le feu s’éteint aussitôt, et ne peut se communiquer même à la poudre à canon quoique fort facile à s’enflammer. Lorsqu’on débande un pistolet bien amorcé dans la machine du vide, l’expérience