Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
essai sur la chimie expérimentale

Qu’est-ce donc que le feu ? Est-ce une substance corporelle simple, qui entre aussi bien dans la composition des mixtes que dans la constitution générale du monde ? Dans ce cas, est-il comme le croyait Aristote un principe de légèreté qui, en s’additionnant aux autres éléments, diminue leur pesanteur ? Plusieurs indices permettent de te supposer ; la flamme monte ; les corps chauffés se dilatent ; les Tapeurs qui se dégagent du bois brûlé montent, etc… Mais cela n’est point assuré ; le feu est prodigieusement instable ; après avoir consumé tous les aliments dont il a pu s’emparer, après avoir chauffé, brûlé, éclairé, il s’éteint et disparaît ? Ne serait-il donc qu’un phénomène éphémère et passager ? Un instrument de l’art, un agent de la nature sans aucune corporalité ? Cette opinion soutenue par Van Helmont s’impose à un grand nombre de chimistes et elle est reprise par les adeptes de la philosophie mécanique qui ne veulent voir dans la flamme, la lumière et la chaleur, qu’une manifestation sensible de l’agitation moléculaire[1].

Écoutez à cet égard l’opinion de Descartes sur la combustion du bois : « Lorsque, dit-il, la flamme brûle du bois ou quelque autre semblable matière, nous pouvons voir à l’œil ; qu’elle remue les petites parties de ce bois et les sépare l’une de l’autre, transformant ainsi les plus subtiles en feu, et en air, et

  1. Traité du Monde ou de la Lumière, vol. 10, p. 7, Éditions Tannery.