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essai sur la chimie expérimentale

« La chimie ordinaire découvre cinq sortes de substances dans les mixtes : le mercure, le soufre, le sel, le phlegme, la tête morte ou terre damnée. Elle croit que les trois premières en sont les principes actifs et les deux autres principes passifs, et qu’ils ne servent qu’à arrêter la vivacité des actifs. Elle donne le nom d’esprit ou de mercure à l’eau ardente et spiritueuse qui monte la première dans la distillation ; on appelle encore esprit, la liqueur acide qui sort de la retorte par un fort feu. Après avoir tiré l’esprit par un feu un peu plus fort, on fait sortir une matière visqueuse grasse qu’on nomme huile ou soufre ; on brûle ensuite ce qui est resté dans la retorte, on verse de l’eau bouillante sur cette cendre, on la fait bouillir, passer par le filtre et par l’évaporation : de cette lessive, on retire un sel lixiviel, ce qui reste s’appelle tête morte ou terre damnée… On appelle phlegme l’eau insipide et sans odeur qui vient par la distillation[1]. »

Voici donc une très vieille doctrine qui est réduite en lieu commun et qui, par un effet de l’habitude, est répétée par les pharmaciens, alors qu’ils ne la prennent même plus très au sérieux. Cependant, dès la fin du xviie siècle, quelques expérimentateurs habiles s’étaient parfaitement rendu compte que cette analyse des végétaux n’aboutissait qu’à des résultats imprécis et équivoques ; que les principes chimiques,

  1. Chimie hydraulique, p. 8.