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les doctrines chimiques en france

maux ou des plantes[1]. Ils voulaient que l’inorganique soit semblable à l’organisé.

Mais de quel droit, demandera-t-on, nos savants appliquaient-ils sans hésitation, au règne minéral, les conclusions dictées par l’étude des règnes animaux ou végétaux ? À cette question nous répondrons tout d’abord que l’esprit humain a une tendance naturelle à admettre que ce qu’il ne connaît pas encore est bâti sur le même modèle que ce qu’il connaît déjà ; nous ajouterons que cette tendance était pour ainsi dire renforcée par la philosophie courante qui faisait des analogies, des similitudes et des correspondances harmoniques, la clef permettant d’ouvrir le sanctuaire de la nature et de pénétrer ses secrets ! L’expérience, ainsi comprise, en dehors de sa signification immédiate, prenait un sens symbolique ; elle projetait sa clarté sur la constitution de la matière. Écoutons pour nous en rendre compte cet exposé de Paracelse[2]. Il veut expliquer que « parmi toutes les substances, il en est trois qui donnent à chaque chose leur corps, c’est-à-dire que tout corps consiste en trois choses ; les noms de celles-ci sont : soufre, mercure, sel ; or, avant

  1. Voici ce que dit Ettmuller, quand, après avoir étudié la chimie des animaux et des végétaux, il aborde le règne minéral. « Nous avons mis le règne minéral le dernier de tous comme le plus difficile, et parce qu’il est impossible de le bien connaître que par le ministère de la chimie qui est le singe de la nature. » La pharmacopée raisonnée de Schroeder, commentée par Ettmuller, page 231, vol. 2.
  2. Œuvres, page 158.