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terpréter un fait que l’expérience a constaté. Son époque met tous les phénomènes sur le même plan, et une théorie qui ne saurait rendre raison d’un seul d’entre eux est irrémédiablement condamnée ; aussi le voyons-nous invoquer, sous la pression des circonstances, ces énigmatiques particules de feu que Robert Boyle avait eu occasion d’imaginer pour expliquer la calcination des métaux, et que nous retrouverons plus tard.

Pour terminer l’étude du règne minéral, Lémery décrit encore les aluns, qui, étant pour nous des sulfatés, sont bien placés après l’acide sulfurique et le soufre naturel dont il connaît les propriétés chimiques et physiques. N’insistons pas davantage ; la chimie minérale est inépuisable ; nous pourrions ajouter bien d’autres exemples ; la plupart ne serviraient qu’à corroborer les conclusions que l’étude du livre de Lémery nous incite à formuler. Notre auteur et ses contemporains avaient une connaissance expérimentale assez exacte des métaux, des sels, des acides et des alcalis, ainsi que de tous les autres corps qu’ils manipulaient habilement dans leurs laboratoires ; ces connaissances acquises peut-être d’une manière empirique ou technique étaient interprétées à l’aide d’une théorie corpusculaire qui les considérait parfois comme indépendantes les unes des autres ; mais entre plusieurs faits analogues que la philosophie actuellement admise n’essayait point de relier entre eux, l’esprit du savant, avec un tact remarquable, devinait les similitudes, et parlait de la