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les doctrines chimiques en france

Lémery étudie les propriétés corrosives et autres de ce corps, il les décrit attentivement. Une de ces réactions lui semble paradoxale et mérite une explication, spéciale ; c’est que quand cette substance est mélangée avec une autre liqueur, il se produit une grande chaleur ; nous allons soumettre au lecteur un raisonnement qui lui paraîtra aussi étrange, que la théorie du déplacement de l’ammoniac par la chaux lui aura semblé naturelle ; ce raisonnement le voici :

« Il arrive un effet très surprenant sur l’huile de vitriol, quand elle est bien fortes c’est que, si vous la mêlez avec d’autre huile de vitriol, ou avec son esprit acide, ou avec de l’eau, ou bien avec une huile éthérée comme est l’huile de térébenthine, ce mélange s’échauffe tellement qu’il rompt quelquefois la fiole qui le contient et souvent il se fait un bouillonnement considérable.

J’aurais bientôt rendu raison de cette chaleur et de ce bouillonnement si je voulais supposer un alcali dans l’huile de vitriol, comme feraient sans doute ceux qui prétendent tout expliquer par l’alcali et l’acide ; mais, comme je ne vois pas qu’on puisse comprendre qu’un alcali pourrait demeurée si longtemps, avec un acide aussi fort qu’est l’huile de vitriol, sans être, détruit, j’aime mieux me servir d’une raison qui me semble plus probable.

Je crois donc que si l’eau, ou l’esprit de vitriol, ou l’huile éthérée de térébenthine échauffent l’huile de vitriol, c’est qu’ils mettent en mouvement une grande quantité de particules de feu que l’huile de