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les doctrines chimiques en france

acide pénètre le mercure et embarrasse tellement ses parties qu’elle arrête l’agitation en laquelle elles étaient. Or, comme on le presse par le feu, il est porté à s’exalter[1] comme de coutume, mais les esprits salins ou acides du soufre le fixent et le retiennent de telle manière qu’il est contraint de perdre sa volatilité et de s’arrêter à la partie supérieure du pot, ce qu’on appelle se sublimer. Quand il est seul ou avec quelque matière qui ne l’arrête point, il s’évapore tout à fait… Le cinabre est formé en aiguilles à cause des acides du soufre qui ont pénétré le vif argent et qui lui ont laissé sa figure ; sa couleur rouge peut provenir aussi du soufre qui est de cette couleur quand il a été bien raréfié[2]. »

Lémery sait que l’acide du sel marin est susceptible de faire précipiter, dans certains cas, le mercure dissous dans l’esprit de nitre ; « un acide, dit-il, fait précipiter ce qu’un autre acide avait dissous ; » en même temps qu’il nous donne l’explication de ce phénomène paradoxal, il nous explique que les cristaux métalliques varient suivant l’acide employé pour les obtenir.

« C’est, dit-il, une chose assez étonnante qu’un sel acide comme est le sel marin fasse précipiter ce qu’avait dissous l’acide de l’esprit de nitre. Pour résoudre cette difficulté, il faut concevoir que,

  1. S’évaporer
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