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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

traitèrent ouvertement les alchimistes de charlatans, et tentèrent de dévoiler les supercheries cachées sous les mystères de leur prétendue science. La véritable chimie fut parfois enveloppée dans les condamnations qui frappaient les rêves ambitieux et décevants de ceux qui cherchaient à réaliser le Grand-Œuvre. De nombreux médecins la dédaignèrent, d’autres la vantèrent ; tous discutèrent la valeur des remèdes qu’elle leur fournit, comparèrent la nouvelle pharmacie chimique avec l’ancienne pharmacie galénique et par là contribuèrent sinon à faire progresser, du moins à répandre la nouvelle science.

Il n’entre pas dans le plan de cette étude d’étudier à fond les ouvrages qui ont paru avant le cours de Lémery ; ce que nous en dirons ne sera qu’une introduction à l’analyse de cette œuvre et de celles qui l’ont suivie ; nous n’essayerons pas de dégager quelles furent les découvertes des savants du xviie siècle, ni comment leur labeur contribua à perfectionner leur science ; nous ne cherchons qu’à entrevoir quelles étaient les pensées des chimistes, et comment leur esprit était disposé à recevoir les enseignements de l’expérience au moment de l’apparition du livre de Lémery. Il faudra donc que notre vue d’en semble soit assez complète .pour nous faire connaître quelles étaient les traditions chimiques d’alors, quelles divergences d’opinions se manifestaient entre les partisans des différentes écoles, comment ces divergences s’atténuaient ou s’aggravaient ; bref,