Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
les doctrines chimiques en france

les fibres. Ainsi l’on peut dire que l’antimoine est vomitif à cause de son soufre salin. »

Il est inutile de faire remarquer que ce sel supposé de l’antimoine est un produit de la théorie qu’aucune analyse n’a pu mettre en évidence ; tout au moins devons-nous constater que le concept d’antimoine éveillait, chez le savant du xviie siècle, tout un cortège d’idées qui tiennent à sa conception générale de la chimie et que nous reconstituons difficilement au vingtième.

Les noms mêmes, que nous traduisons aujourd’hui sans difficulté, tels que l’acide du sel marin par acide chlorhydrique, esprit nitreux par acide azotique, etc., sont-ils les mêmes corps que le chimiste utilise de nos jours dans le laboratoire, ou plutôt ne contenaient-ils alors aucune impureté qui en altère le caractère. Quel est le degré de leur concentration ? Bref l’étiquette que Lémery mettait sur ses fioles à réactifs portait-elle un nom qu’il serait facile d’exprimer en langage moderne ? Et les substances accessoires, que le chimiste ne savait séparer du réactif nommé, n’étaient-elles pas de nature à induire celui-ci en erreur quant aux propriétés des corps réagissant avec ce réactif, aussi bien que sur le réactif lui-même. Il y a là une difficulté que nous n’avons aucun moyen de surmonter, et nous ne devons discuter le récit des expériences qu’avec une extrême prudence.

Parfois, cependant, il nous est loisible de saisir les différentes altérations que les mêmes termes