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la théorie de lémery

Lémery vient de nous révéler l’origine expérimentale de la théorie chimique. Celle-ci est basée, nous en avons maintenant l’assurance[1], sur les distillations fractionnées d’un grand nombre de substances organiques animales ou végétales. Cette distillation laissait échapper des essences volatiles ou combustibles que l’on appelait esprits ou mercures, huiles ou soufres ; puis de la vapeur d’eau ou phlegme ; enfin le résidu solide qui était resté dans la cornue comprenait le sel soluble, et la terre insoluble dans l’eau. Quelle que soit la substance analysée, les résultats obtenus par cette même méthode ne variaient pas sensiblement. D’ailleurs, pharmaciens et chimistes, qui pendant de longues générations s’étaient accoutumés à étudier le règne organisé avant tout, généralisèrent hardiment et supposèrent que tous les corps de la nature, minéraux aussi bien qu’animaux et végétaux, étaient bâtis sur le même modèle et construits avec les mêmes principes.

Depuis l’école paracelsiste, il est vrai, l’étude des minerais métalliques, des métaux, de leurs sels, des acides inorganiques, avait pris une grande extension et formait une partie de plus en plus importante du domaine de la chimie ; mais l’explication des réactions de ces corps était encore faite d’après le modèle, — ou à l’image, — des phénomènes organiques avec lesquels on était familiarisé. D’ailleurs, la philoso-

  1. Grâce à ce texte et à d’autres qu’il serait trop long de rapporter.