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les doctrines chimiques en france

miers petits corps qui sont entrés dans la compoition des mixtes. »

Cette affirmation, que l’expérience seule a forcé les chimistes à croire que tous les mixtes de la Nature sont décomposables en cinq principes, peut étonner le lecteur moderne ; il cherchera l’explication de ce paradoxe apparent, et la solution de cette difficulté projettera une grande clarté sur la formation de l’ancienne théorie chimique… Écoutons encore Lémery :

« On trouve aisément, dit-il, les cinq principes dans les animaux et dans les végétaux, mais on ne les rencontre pas avec la même facilité dans les minéraux ; il y en a même quelques-uns comme l’or et l’argent, desquels on ne peut pas en tirer deux, ni faire aucune séparation, quoique nous disent ceux qui recherchent avec tant de soin les sels, les soufres, les mercures de ces métaux. Je veux croire que tous les principes entrent dans la composition de ces mixtes, mais il n’y a pas de conséquence que ces principes soient demeurés en leur premier état et qu’on les en puisse retirer, car il se peut faire que ces substances qu’on appelle principes se soient tellement embarrassées les unes dans les autres, qu’on ne puisse les séparer qu’en brisant leurs figures ; or ce n’est qu’à raison de leurs figures qu’ils peuvent être dits sels, soufres ou esprits[1]. »

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