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la théorie de lémery

conisa Harstoecker, en établissant que les particules d’or, de sable, ou de toute autre substance persistaient indéfiniment sous les déguisements variés dont elles s’affublent, multipliait le nombre d’êtres primitifs dont la théorie tenait compte.

Pour Lémery les différentes matières ne sont ni composées d’une substance unique, ni essentiellement variées les unes des autres. À l’exemple de Nicolas Lefèvre, qui avait été son maître, il essaye de déterminer les quelques substances fort simples dont les mixtes sont composés, et dans lesquelles ces mêmes mixtes peuvent se résoudre. Comme la doctrine mécanique ne lui est là d’aucun secours, il procède empiriquement ; mais avec quelle ironie sceptique résume-t--il le vaste système de Nicolas Lefèvre qui, outre « l’esprit universel » et indéterminé, admettait l’existence de cinq principes simples[1].

« Le premier principe, dit-il, qu’on peut admettre pour la composition des mixtes, est un esprit universel qui, étant répandu partout, produit diverses choses, selon les diverses matières ou pores de la terre dans lesquels il se trouve embarrassé : mais comme ce principe est un peu métaphysique et qu’il ne tombe pas sous nos sens, il est bon d’en établir des sensibles ; je rapporterai ceux dont on se sert communément.

Comme les chimistes, en faisant l’analyse de divers mixtes, ont trouvé cinq sortes de subs-

  1. Voir chap. i, pag. 62, où ce système est exposé.