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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

faire accroire. Lémery fut le premier qui dissipa les ténèbres naturelles ou affectées de la chimie, qui la réduisit à des idées plus nettes et plus simples, qui abolit la barbarie inutile de son langage, qui ne promit de sa part que ce qu’elle pouvait, et ce qu’il la connaissait capable d’exécuter : de là vint le grand succès. Il n’y a pas seulement de la droiture D’esprit, il y a une sorte de grandeur d’âme à dépouiller ainsi d’une fausse dignité la science qu’on professe.

Pour rendre sa science encore plus populaire, il imprima en 1675 son Cours de chimie. La gloire qui se tire de la promptitude du débit n’est pas pour les livres savants ; mais celui-là fut excepté. Il se vendit comme un ouvrage de galanterie ou de satire. Les éditions se suivirent les unes les autres presque d’année en année, sans compter un grand nombres d’éditions contrefaites, honorables et pernicieuses pour l’auteur. C’était une science toute nouvelle qui paraissait au jour, et qui remuait la curiosité de tous les esprits[1]. »

Cet enthousiasme, dont Fontenelle se fait l’écho, pour l’admirable chimie de Lémery est-il entièrement justifié ? Les connaissances expérimentales de ce savant sont-elles véritablement neuves ? Sa théorie plus assurée que celle de ces prédécesseurs ? d’où lui vient sa puissance de vulgarisation ? Afin de pouvoir faire à ces questions une réponse assurée,

  1. Éloge de Lémery.