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la théorie de lémery

Quels que soient d’ailleurs les disparates qui séparent les uns des autres les partisans des nouvelles doctrines, celles-ci ont facilement triomphé de toutes leurs rivales ; est-ce à dire que nous venons d’assister à une révolution totale et que plus rien de la science des écoles iatrochimistes qui, depuis Paracelse et Van Helmont, dominaient la pensée des médecins et pharmaciens ne subsiste dans la philosophie mécanique ; quelques-uns, sans doute, l’ont pensé ; mais d’autres ont constaté que celle-ci, loin de détruire les théorèmes autrefois admis, s’était contentée de les traduire dans son langage et se réservait d’en donner une interprétation rationnelle. Et, avec Frédéric Hoffmann, ils ont déclaré franchement que, si l’entendement n’est satisfait que par les explications qui ne recourront qu’aux qualités premières de la matière : la figure, la grandeur et le mouvement, il ne faut pas cependant rejeter et dédaigner les qualités sensibles qui dépendent certainement des premières, et que nous pourrons déduire de celles-ci quand le progrès des sciences le permettra[1].


C. — Si à l’époque du renouvellement des sciences la philosophie mécanique exerça sur les chimistes un si remarquable prestige, c’est que dans l’esprit des savants elle était alliée, et même confondue, avec un positivisme expérimental dont elle se donnait pour

  1. Chimie, vol. 2, pag. 222.