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la théorie de lémery

sent des figures qui répondent à tous les effets qu’il produit, je dirai que l’acidité d’une liqueur consiste dans des particules de sel pointues lesquelles sont en agitation, et je ne crois pas qu’on me conteste que l’acide n’ait des pointes puisque toutes les expériences le montrent ; il ne faut que le goûter pour tomber dans ce sentiment, car il fait des picotements sur la langue semblables, on fort approchants, à ceux qu’on recevrait de quelques matière taillée en pointes très fines ; mais une preuve démonstrative, convaincante, que l’acide est composé de parties pointues, c’est que non seulement tous les sels se cristallisent en pointes, mais toutes les dissolutions de matière métallique prennent cette figure dans la cristallisation. Ces cristaux sont composés de pointes différentes les unes des autres en longueur et en grosseur, et il faut attribuer cette diversité aux pointes plus ou moins aiguës des différentes sortes d’acide. C’est aussi cette différence en subtilité de pointes, qui fait qu’un acide pénètre et dissout bien un mixte qu’un autre ne peut pas raréfier : ainsi le vinaigre s’imprègne de plomb que les eaux-fortes ne peuvent dissoudre ; l’eau-forte dissout du mercure, et le vinaigre ne le peut pénétrer ; l’eau régale est le dissolvant de l’or et l’eau-forte n’y fait point d’impression : l’eau-forte, au contraire, dissout l’argent, elle ne touche pas à l’or, etc…[1]. »

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