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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

de proposer. Observons tout d’abord, pour cela, que les principes qui formaient les bases mêmes des anciennes doctrines avaient visé tout d’abord de ramener à l’unité les phénomènes qu’ils cherchaient à interpréter. Observons ensuite que ces principes, capables d’orienter la pensée du savant dans un sens déterminé, ne suffisaient pas à eux seuls pour maitrîser les faits expérimentaux. À ces dogmes absolus et fort clairs, le chercheur, désireux de garder le contact, entre la théorie et l’opération chimique, ajoutait des hypothèses accessoires qui, tout en s’accordant avec le seul principe qu’elles venaient en quelque sorte compléter, restaient hétérogènes ; souvent leur accumulation ne mettait plus en pleine lumière le théorème fondamental qu’elles corroboraient et l’ensemble tout entier croulait sous le poids des additions et compléments dont l’évolution des idées, comme les découvertes expérimentales, avaient surchargé la doctrine[1] !

Les philosophies chimiques, que le mécanisme de Lémery supplanter, étaient parvenues à un tel degré de complication, qu’elles semblaient plutôt dues à des rêveries d’une imagination déréglée et fantaisiste qu’au développement rationnel d’un principe fondamental ; elles n’apportaient plus d’aide à l’expérimentateur qui cherchaient d’autres méthodes pour

  1. Dans le chap. 2 , § G, nous avons donné des exemples de cela en ce qui concerne l’alchimie. Pour le paracelsisme, voir les citations dans le chap. 3, § B. Pour l’alcahest de Van Helmont, § D.