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LA THÉORIE DE LÉMERY

ments et leurs chocs, causent les réactions les plus variées[1].

Avant d’examiner l’usage que Lémery a fait du mécanisme pour interpréter l’expérience, nous rechercherons quels motifs lui font opposer une fin de non-recevoir aux doctrines que nous avons exposées dans nos précédents chapitres.

Que pense-t-il des alchimistes qui, se basant sur la nécessité de l’évolution des métaux, voulaient soulever l’obstacle, s’opposant à ce que le fer, l’étain, le plomb, le cuivre, le mercure et l’argent se transmuent ; immédiatement en or, suivant l’intention de la Nature[2] ? Non seulement les dogmes métaphysiques de leur prétendue science lui paraissent absurdes, mais encore il refuse de croire à la sincérité de ceux qui s’en déclarent partisans. Les adeptes de la philosophie hermétique ne peuvent être que des hypocrites, animés par l’appât du gain et espérant tromper le public dont la crédulité est sans bornes ; si quelques chercheurs se sont laissé prendre au mirage de leurs propres espoirs, la déception est venue et ils meurent désabusés, ayant dissipé leurs dernières ressources, victimes de cet « art sans art, dont le commencement est de mentir, le milieu de travailler, et la fin de mendier ». Les secrets que les plus avisés d’entre eux vendent si cher sont exprimés dans un langage obscur qui n’est destiné qu’à masquer

  1. Page 4.
  2. Voir chap. 2.