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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

sance des vérités universelles accessibles à l’esprit humain ; chaque chimiste présentait au public un système complet et fermé sans se soucier de ses confrères, car il pensait que l’œuvre d’un homme sans collaboration sociale peut satisfaire complète ment la raison humaine.

L’ensemble donc des œuvres chimiques, dont les auteurs remettaient constamment en question les principes comme les méthodes, ne se laisse dominer par aucune classification ; le tableau des courants de pensée dont il nous faut esquisser les grands traits paraîtra forcément incomplet et quelque peu arbitraire ; nous nous en excusons d’avance. N’exagérons rien cependant. Si les théories chimiques que nous étudierons semblent au premier regard indépendantes les unes des autres et se présentent à l’historien chacune comme un tout isolé, un examen plus approfondi nous dévoilerait les traits communs qui permettent de préciser l’activité intellectuelle d’une époque ; en sondant plus loin encore dans la pensée de chaque savant nous mettrions en évidence les quelques idées générales qui ont constamment guidé ou séduit l’esprit humain dans ses recherches scientifiques, comme dans ses spéculations métaphysiques.

Et d’abord, chez le plus grand nombre des chimistes du XVIIe siècle, une croyance instinctive, assurée, que l’on ne songe pas même à exprimer, à l’unité du monde, et aussi à l’unité de la science ! La plupart des savants se proposèrent, en effet, de décou-