Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
les doctrines chimiques en france

dantes les unes des autres, et tellement liées avec les premières vérités qu’elles en soient comme des suites et des dépendances nécessaires.

Le physicien ou le chimiste devra donc tenter de former avec des hypothèses judicieusement choisies un système homogène, « désirant en cela s’éloigner de la pratique de ceux qui ont coutume de faire des hypothèses purement arbitraires, c’est-à -dire qui n’ont aucun rapport entre elles ni avec les premières vérités et qui, étant jointes ensemble, font un tout aussi monstrueux que le serait le portrait d’une femme qui finirait par la queue d’un poisson. »

Si les principes mécanistes étaient suffisamment indéterminés pour suggérer des hypothèses explicatives vraisemblables mais inconciliables entre elles, la plupart des savants essayèrent pourtant, en un coup d’œil, de dominer la complexité du monde matériel et d’en avoir une vision harmonieuse. Bien que cet effort soit souvent masqué par celui d’expliquer le phénomène particulier qui occupe actuelle ment leur esprit, il est sensible néanmoins que c’est pour parvenir à ce but que les chimistes rejetèrent les qualités occultes, les sympathies, les correspondances, les attractions, pour se laisser séduire par les principes simples et grandioses de l’atomistique ou du cartésianisme. Comme les doctrines qu’il a rejetées dans l’ombre, comme le newtonisme qui le supplantera à son tour dans la chimie, le mécanisme du xviie siècle n’a pas su conserver son admirable unité