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Développement de la philosophie mécanique

rence fut très nettement proclamé par le distingué expérimentateur Claude Perrault[1] qui, s’étant rendu compte que la physique spéculative n’est point absolument démonstrative, refusait de lui accorder toute valeur métaphysique et se servait indifféremment des images mécaniques les plus variées pour figurer les différents phénomènes observables !

Mais les philosophes qui ont le mieux pénétré l’esprit de la chimie mécaniste refusèrent de suivre Perrault sur la route où il s’était engagé. Régis proclama bien haut que la réduction de la Nature à un seul système probable peut être assignée comme but à la science ; et, précisant sa pensée, il ajoute : « Je dis à un seul système pour bien faire entendre que je ne sais pas de l’opinion d’un philosophe moderne[2] qui croit que plusieurs systèmes, probables les uns plus que les autres, valent mieux que le plus probable seul, prétendant qu’il ne peut y en avoir aucun d’assez probable pour résoudre toutes les difficultés qui se présentent, et que les choses dont on ne saurait rendre la raison dans un système s’expliquent par un autre. — Comme la nature agit toujours par les voies les plus simples nous sommes persuadés que son action ne saurait être expliquée que par un seul système. — Nous entendons par système, non une seule hypothèse, mais un amas de plusieurs hypothèses, dépen-

  1. Essais de physique, Paris, 1680. Voir v. i, page 10.
  2. C'est Perrault qui est visé.