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les doctrines chimiques en france

dirigerait la transformation des corps les uns dans les autres.

Boyle, partant de considérations qui appartiennent à la métaphysique corpusculaire, affirmait que la matière de tous les corps est uniformément composée des particules infiniment petites distribuées dans l’espace. Les différences que nous constatons entre les corps seraient dues aux différences de texture que présente l’assemblage de ces particules comme aux variations dans les mouvements de ces mêmes particules !

Certes, entre ces deux manières de comprendre les phénomènes chimiques, l’opposition est absolue ; il est impossible de concilier la philosophie des mystiques et celle des mécanistes ; et pourtant la seconde a continué la première dont elle s’est assimilé les dogmes fondamentaux, et dont elle a traduit les affirmations en son langage spécial[1].

  1. Un historien autorisé de la médecine, le Dr  Sprengel, a fait remarquer qu’au moins en ce qui concerne sa science, la philosophie de Descartes contenait une adaptation des théories de Van Helmont au mécanisme corpusculaire. Il est intéressant de signaler à ce sujet que les théories concernant la nature de la matière qui aujourd’hui nous paraissent incompatibles et opposées tendaient à former une harmonieuse synthèse dans l’esprit des savants qui ont le plus profondément réfléchi sur les bases de la science. Leur ensemble formait une sorte de culture générale que médecins et physiciens exposaient et discutaient avant de proposer la doctrine résultant directement de leurs travaux et méditations. Qu’on lise pour s’en rendre compte les « Nouveaux instituts de Médecine » publiés par Michel Ettmuller et plus spécialement le chapitre intitulé « Des principes des corps naturels ». Aucun système n’est là dogmatiquement proposé, et si l’auteur, après examen de la question, préfère l’atomisme de Gassendi au mécanisme de Descartes ; s’il repousse