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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

nouvelle science ; les pharmaciens se préoccupèrent de l’appliquer en préparant leurs remèdes. Les métallurgistes relièrent les pratiques de leur art par une théorie chimique, et quelques philosophes voulurent montrer que le monde extérieur, prolongement sensible d’une métaphysique abstraite, était bien tel que leurs spéculations l’avaient laissé pressentir !

La diffusion de la chimie s’accentua, sans discontinuer ; les ouvrages la concernant se firent de plus en plus nombreux et eurent un nombre sans cesse accru de lecteurs. À l’époque du « renouvellement des sciences », sous l’influence de cet esprit géométrique et critique dont la philosophie cartésienne est restée comme le symbole, les dogmes traditionnels de la science furent soumis à une sévère révision et chacun, avant de les adopter, tenta de les justifier ou de peser leur valeur. Cette liberté d’interprétation de la nature modifia les théories anciennes et en créa de nouvelles ; elle n’alla pas sans engendrer quelque anarchie dans l’aspect même de la science ; nous assisterons à l’éclosion de systèmes divers qui se combattirent âprement et, outre les disputes, provoquèrent un grand nombre de recherches ! D’un point de départ suggéré par quelque expérience particulière, le savant, aidé par sa seule logique, déroulait un système du monde sans rencontrer aucun obstacle ; mais les bases étaient arbitraires et variaient, cela se conçoit, d’un individu à l’autre ! Un seul fait, habilement généralisé, conduisait à la connaissance complète de l’Univers. —