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les doctrines chimiques en france

impossible de la dominer d’un coup d’œil pour en donner un aperçu rapide ; afin cependant d’en marquer le caractère, nous indiquerons les points qui nous ont paru les plus importants.

Péripatéticiens et spagyristes prétendent, dit Boyle, que tous les mixtes de la nature sont composés d’un petit nombre de corps simples constituants. Pour Aristote, ces éléments sont au nombre de quatre : le feu, l’air, l’eau et la terre ; or si les savants ont pu mettre l’eau et la terre en évidence, ils n’ont jamais pu découvrir, comme l’a fait remarquer Van Helmont, que le feu soit un être corporel : cet agent principal de la chimie, qui naît et qui dis parait, ne compte pas au rang des substances. Outre cela, les chimistes n’ont jamais démontré que l’air soit jamais entré dans la composition des mixtes : avec Van Helmont encore, Boyle, sans nier que l’air soit un corps simple, affirme qu’il ne se combine avec aucun autre corps, qu’il reste constamment semblable à lui-même, sans jamais pouvoir s’altérer. Restent la terre et l’eau, dont l’expérimentateur ne saurait nier l’existence corporelle ; il est si difficile de les rayer de la liste des éléments que quelques « spagyristes » les ont reconnus pour des corps simples aussi bien que leurs trois principes : le sel, le soufre et le mercure. Robert Boyle remarque ce pendant que ce ne sont pas les seuls corps simples que l’analyse chimique dévoile ; puis il ajoute contre les péripatéticiens que les qualités de ces éléments ne sauraient expliquer à elles seules les propriétés