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les doctrines chimiques en france

ces doctrines de la Renaissance qui avaient eu leur heure de gloire étaient tombées en décadence. Le goût de la simplification, le désir de voir immédiatement l’harmonie élégante du monde, que nous devinons en lisant attentivement les ouvrages de nos auteurs, étaient trop souvent masqués par des complications qu’ils faisaient subir à leur doctrine afin de tout expliquer. Sous cette complexité apparenté, un lecteur non prévenu n’aurait pu apercevoir l’homogénéité de l’ensemble ; ébloui par le luxe des comparaisons aventureuses, étourdi par les détails expérimentaux racontés en langage difficilement accessible, ce lecteur serait vite rebuté par la romanesque métaphysique des chimistes, dont l’armature logique lui aurait échappé complètement… Avec Fontenelle il féliciterait la philosophie mécanique d’avoir projeté sa clarté sur une science que l’on trouvait fort difficile auparavant. « Il n’y a pas fort longtemps, dit le Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, en faisant l’éloge d’un savant appartenant à la nouvelle École, il n’y a pas fort longtemps que tous les raisonnements de chimie n’étaient que des espèces de fictions poétiques, vives, animées, agréables à l’imagination, inintelligibles et insupportables à la raison. La saine philosophie a paru qui a entrepris de réduire à la simple mécanique corpusculaire cette chimie mystérieuse, et en quelque façon si fière de son obscurité[1]. »

  1. Éloge de Guglielmini