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les doctrines chimiques en france

néoplatoniciens découvraient entre les choses d’apparence les plus dissemblables, leur parurent aussi absurdes que les théories des alchimistes sur le « perfectionnement » des métaux. Ils confondirent sous la même réprobation ces doctrines diverses, dont ils ne comprenaient plus la signification profonde, et qu’ils prenaient pour les rêves d’une imagination déréglée. Ces doctrines, ils les accablèrent sous leur tranquille mépris et ne daignèrent pas même les discuter…

En agissant ainsi, en faisant table rase du passé, en proposant une interprétation séduisante des phénomènes chimiques, susceptible d’être comprise sans éducation préalable, par tout homme capable d’un effort soutenu de la pensée, nos chimistes travaillèrent à la vulgarisation de leur science. Lémery, par exemple, ouvrit un cours public de chimie, où, en la rattachant aux principes de la philosophie corpusculaire, il la rendit intelligible à tous. « L’affluence du monde y était si grande qu’à peine y avait-il de la place pour ses opérations… Les dames mêmes, entraînées par la mode, avaient l’audace de venir se montrera des assemblées si savantes[1]. » En reliant la chimie aux dogmes fondamentaux de la philosophie mécanique, qui avait alors un si brillant succès mondain, les savants contribuèrent à la propagation sociale de leurs travaux ; cette science, loin de rester l’apanage de pharmaciens, de métal-

  1. Éloge de Lémery, par Fontenelle