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avec une « certitude plus que morale ». Quelles sont donc les sources auxquelles Descartes[1] aurait puisé son inspiration ? Sans pouvoir l’affirmer absolument, l’on serait tenté de croire que le grand philosophe a découvert trois éléments dans le monde, pour traduire dans le langage de sa théorie, la doctrine des chimistes paracelsistes qui décomposaient tous les mixtes de la création en trois principes plus simples, le sel, le soufre et le mercure ? Quelle que soit, d’ailleurs, l’origine des affirmations de Descartes, un certain nombre de savants, grands admirateurs de ce philosophe, amalgamèrent son système avec les doctrines de l’ancienne chimie, et réussirent à former une synthèse harmonieuse, des théories hétérogènes qu’ils adoptaient.

Lisez pour vous en rendre compte, la Chimie naturelle ou l’explication chimique et mécanique de la nourriture de l’animal[2]. Cet ouvrage présente pour l’historien un grand intérêt, car il se trouve à un confluent d’influences qui ont contribué à donner à la chimie une apparence toute nouvelle. L’auteur nous apparaît tout d’abord comme un adepte convaincu des écoles iatro-chimiques ; il fait de la connaissance des réactions matérielles la base de sa philosophie ; il assimile le corps de l’animal à un laboratoire de chimie, et il croit que les expé-

  1. Principes.
  2. Daniel Duncan, Montpellier, 1682.