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les doctrines chimiques en france

les plus variées qui composent le monde matériel, enfin de reproduire sur le papier les formes supposées de ces particules.

Le succès éclatant de la méthode cartésienne, qui, sur quelques points fondamentaux, s’accordait avec l’atomistique, transforma le courant qui déjà entraînait les chimistes en torrent irrésistible.

Sur la philosophie de la matière contenue dans, l’œuvre de Descartes, nous ne dirons que quelques mots ; ce grand savant s’est en effet peu occupé de chimie ; son influence sur cette science, bien que considérable, ne s’est manifestée qu’indirectement. Ayant donné aux médecins et par suite aux chimistes, l’habitude de penser autrement que l’on ne faisait avant lui, il les a peu à peu engagés à construire leur science sur de nouvelles bases, et par suite à la modifier considérablement…

Descartes admet — et ceci est son dogme fondamental — que la matière est confondue avec l’espace qu’elle occupe ; qu’elle n’a aucune autre propriété que celle d’occuper de l’espace… par suite, les différences que nous observons entre les différents corps, différences qui se manifestent de manières variées à nos sens, peuvent se réduire à la différence de figuration présentée par les molécules qui les constituent ; sur ce point il s’accorde avec Gassendi et les autres atomistes. Voici maintenant comment ces savants s’opposent. Descartes, au contraire des atomistes, refusait toute réalité à l’espace « vide » qui lui paraissait être un non-sens ! La matière le remplit