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matérielles présentaient des qualités irréductibles, il est possible de représenter par des figures les propriétés les plus variées des différents corps…

Cette philosophie, née en dehors de toute considération chimique, sembla rapidement être un cadre fort séduisant pour les savants désireux de faire correspondre une image sensible aux concepts abstraits de leur science ; sous sa forme métaphysique, elle a vivement agi sur l’esprit de Robert Boyle qui a tenté de réduire tous les phénomènes présentés par ses expériences de chimie à des actions pure ment mécaniques de corpuscules très petits.

L’usage du microscope, les nombreuses découvertes que l’invention de cet instrument provoqua, les espoirs sans cesse déçus et sans cesse renaissants de ceux qui pensèrent voir à travers cet appareil optique les insécables atomes conçus par la théorie, donnaient à la philosophie corpusculaire un prestige de plus en plus grand. Quelques savants, Bellini ou Leewenhœk[1] par exemple, après avoir admis que les différences de saveur entre les différents sels proviennent de différences entre la configuration de leurs molécules, regardèrent avec attention les petits cristaux salins, et se hasardèrent à décrire les molécules infiniment petites du sel marin, du sucre, du sable ou du nitre !

  1. De Gustus organo ad Malpighunn, 1655, in-12, analysé dans le Journal des Savants, 1666, p. 4. Observations microscopiques sur la figure du sucre et du sel marin, TP. vol. 10, no 117, reproduit dans la COL vol. 4, page.