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les doctrines chimiques en france

Lamy semble assez sceptique sur les opinions admises de son temps et il semble avoir une conception étrangement moderne de l’élément. Écoutons-le : « On distingue pour l’ordinaire deux sortes de soufre dans l’antimoine crud. L’un externe, semblable au commun, facile à séparer, et qui n’est point de l’essence de la substance métallique ; l’autre interne, essentiel à ce métal, et que l’on peut séparer des autres principes qui le composent. Mais comme cette pensée touchant le soufre interne de l’antimoine est appuyée sur des conjectures assez incertaines, et que je ne veux ici rien avancer dont on puisse douter et qui ne soit démontré par l’expérience, je ne déciderai point si, dans le régule ou la substance métallique de l’antimoine, il y a un soufre qui soit un de ses principes essentiels[1]. Ce qui me fait garder cette modération est que l’on ne peut résoudre l’antimoine en des corps plus simples, non plus que les autres métaux, et que dans toutes les préparations qui le déguisent, la substance métallique ne se détruit jamais, et l’on peut toujours lui redonner sa première forme[2]. »

Si maintenant nous demandons à Lamy quels impérieux motifs ont pu faire rejeter l’antimoine du rang des remèdes efficaces par certains docteurs, il

  1. Certains pharmaciens pensèrent que le soufre pur du régule est à l’antimoine ce que le soufre impur du minerai est au sulfure d’antimoine.
  2. Pages 24 et 25.