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principales théories des iatro-chimistes

La philosophie corpusculaire, dont nous étudierons dans le chapitre suivant le brillant développement, a donc assimilé une doctrine qu’elle s’est contentée de traduire en son langage ; l’examen des œuvres de Lémery et d’Harstœcker nous donnera occasion de voir comment le mécanisme a absorbé la chémiâtrie, qu’à un regard superficiel il aurait complètement détruite.


G. — Avant d’abandonner l’école des chimistes pour examiner les progrès parallèles de la philosophie mécanique, il nous faut jeter un coup d’œil sur les disputes violentes qui animèrent les médecins vers le milieu du xviie siècle. Et, comme l’exposé seul des questions, des arguments et des ouvrages qui passionnaient cette époque déborderait de beaucoup l’objet du présent travail, nous nous contenterons, à titre d’exemple, de parcourir les quelques livres qu’inspira la fameuse querelle de l’antimoine dont la violence divisa la Faculté de médecine de Paris en deux clans ennemis ! De cette dispute même, nous ne retiendrons que les argumentations qui peuvent jeter un jour sur l’évolution de la chimie.

L’antimoine, dont les docteurs paracelsistes avaient usé et abusé, jouissait depuis cent ans du privilège d’exciter les médecins les uns contre les autres ; dès le milieu du xvie siècle, Loys de Launay[1] et

  1. De la faculté et vertu admirable de l’antimoine avec réponse à quelques calomnies. La Rochelle, 1664 et 1666.