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découvrira-t-elle un jour les moyens pour parvenir à ce résultat. Revenant à l’expérience faite, Bertrand demande aux chimistes s’il est légitime d’affirmer que leurs principes supposés soient contenus dans des substances dont il est impossible de les extraire. « En vain, dit-il, prétend-on que l’acide et l’alcali sont des corps simples et par conséquent principes, s’il y a des quantités de sujets où l’on ne peut pas prouver qu’ils se trouvent, comme je l’ai fait à l’égard de l’or, de l’argent, du corail et des perles[1]. »

Enfin, ajoute Bertrand, de quel droit nous dit-on que l’alcali, extrait de la calcination des cendres végétales, est une substance simple[2] ? De quel droit prétend-on que cet alcali préexistait à l’action du feu sur les plantes ? N’est-il pas, au contraire, dû à l’agitation violente des particules de matières qui sont contraintes par l’action du feu à former de nouveaux assemblages ? Remarquons cet argument ; il sera souvent repris et généralisé à toutes les analyses par ceux qui, durant le xviiie siècle, s’amuseront à narguer la chimie ! Cette science, dira-t-on bien souvent, fabrique les objets qu’elle croit extraire des autres corps, et ses produits seront ironiquement appelés « Créatures du feu », etc…[3].

Revenons à l’argumentation de Bertrand et demandons-lui, puisque le système acide-alcali est

  1. Page 89.
  2. Pages 86 et 89 et 24 à 39.
  3. Voir De Venel, Art. chimie dans l’Encyclopédie, etc.